26 août 2014. Au début, la vedette, c'est toujours celle qui a le cancer.
Tout le monde la questionne, tout le monde l'aborde même les inconnus, même les faux amis, tout le monde la connaît même ceux qui ne la connaisse pas.
" J'm'en va t'amener où c'est silence, pour entendre juste la murmurance de ta voix une fois. J'm'en va t'amener devant la mort quand la vie part voir si ton coeur battra l'amour encore... Y'a plein d'affaires qu'on dira pas, y'en a toujours qu'on dit jamais...." Fred Pellerin, chanté par Lu à son amie Blanche
Et la voilà occupée à distribuer de par les mots en faux ton, les dates, les examens, les comparaisons et le diagnostic. Là, en ombre, Son Ti_Coeur qui écoute. Il est là. Il lui donne toute la place. Parfois, il sourit pour la convenance mais ça ne lui tente pas toujours d'être là. Social oblige, il reste. Il aurait le goût de prendre ses jambes à son cou et de sacrer son camp, mais il est figé. Statue. Il n'entend même pas ce qui se dit... Elle encourage même celles qui l'écoute.
Jamais il ne dira son mal à l'aise. Son sourire le trahi pour ceux qui le connaisse. Il n'est pas comme d'habitude. Quand il prend le beurre à table sa main tremble. Ses filles l'ont vu, mais n'ont rien dit pour le respect. Blanche le sait, elle aussi, elle l'a vu mettre son t-shirt à l'envers un matin. À l'ouvrage, il se trompe. Ça n'arrivait jamais avant. Ses collègues le voient bien, mais par respect aussi, ils font semblant de rien. Quelques uns lui poseront la question curieuse : "Et puis, Blanche ? Ha... non... pas chanceux mon François." Et il retournera à sa besogne, silencieux et les yeux dans l'eau. Le quotidien l'avale.
La peur et le doute font bien leur job. François est toujours près d'elle. Il la protège chaque jour. Il l'aime, l'écoute, l'embrasse, la regarde avec tant d'amour. Mais François est inquiet de ne pas être à la hauteur. Il va avec elle faire les emplettes, il l'aidera à préparer sa valise, mais il a peur de ne pas en faire assez. Pourtant... Il répète les gestes qu'il devra faire pour aider aux soins comme une répétition théâtrale. Il essaie de tout prévoir, mais il a peur de se tromper. Il est songeur. La peur fait tout craquer en dedans.
Blanche sait qu'elle n'a pas besoin du super-héros-emballé-dans-une-tonne-de-muscles, pourtant. Elle sait que le vedettariat achève. Bientôt, elle sera seule avec François lorsque la tornade de la grande nouvelle sera terminée. Dans sa nouvelle chambre, qu'elle a organisée pour être bien entre les traitements, elle prendra une grande respiration avant d'y entrer. Son François viendra la rejoindre, et il lui dira les bons mots, au bon moment, pour mettre le pied dans cette nouvelle vie qui approche pour un temps, le temps que ça durera, ils ne savent pas. Et François sera à la hauteur chaque jour parce qu'il connaît sa Blanche. Et peu à peu, la peur prendra son trou et le doute avec, car François se souviendra qu'elle n'a pas besoin d'un héros, elle le lui a déjà dit.
Le bonheur que Blanche ait simplement son Ti-Coeur près d'elle chaque jour. Juste ça.
x lu
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